MICRO INTERVIEWS

L’ÉQUIPE DE L’INCUBàZINE

Avant de vous faire découvrir les autres acteurs de la microédition, on va quand même vous parler un peu de nous… et surtout de notre rapport à la microédition.

Comment avez-vous découvert la microédition ?

Chantal : Alors à vrai dire, moi je ne connaissais pas du tout avant de rencontrer Laetitia.

Laetitia : En allant au Grrrand salon de la Microédition, quand je suis arrivée sur Lyon en 2010… j’avais trouvé le fly sympa, ça m’a donné envie de voir, et puis quand j’ai vu, d’en faire.

Florine : Lors d’un stage de linogravure avec Margot du studio ‘Des ronces x des orties’, il y a quelques temps déjà, j’avais entrevu l’existence de la microédition ; mais c’est en rencontrant Carole sur un projet d’écriture collective que je m’y suis réellement intéressée.

Carole : Moi ça remonte à loin. J’étais au lycée quand je suis tombée sur mon premier Animéland. Aujourd’hui c’est un magazine de 148 pages couleurs très établi, mais à l’époque c’était un petit zine de 16 pages photocopiées en noir et blanc.

Qu’est-ce qui vous a plu dans la Microédition ?

Florine : La richesse des propositions… je sais pas… ça résonne avec ma fibre créative.

Chantal : La liberté d’expression artistique. Carole m’a dit qu’on pouvait même faire des microéditions avec une dimension musicale. Ça m’intéresse tout particulièrement car je pratique le chant et la guitare depuis très longtemps, c’est important pour moi et je suis curieuse de voir comment je pourrais croiser ces pratiques avec une forme éditoriale.

Carole : Sa nature DIY… j’ai toujours adoré fabriquer tout et n’importe quoi, mais faire des livres c’est ce que je préfère.

Laetitia : La diversité de tout… et le croisement des univers.

Quel type de microédition vous attire le plus ?

Laetitia : Celles qui traitent les sujets de fond… donc je dirais les microéditions militantes.

Carole : Je suis particulièrement attirée par les formats insolites et les graphismes puissants… mais niveau contenus, tout m’intéresse, ou presque, donc je suis globalement très bon public.

Florine : Les témoignages. Quand les gens racontent leur histoire dans ce format, il y a quelque chose de très authentique qui me touche beaucoup.

Chantal : Je n’ai croisé que des microéditions littéraires jusqu’à présent… mais j’ai acheté les deux !

Et y a-t-il un genre qui, au contraire, vous rebute ?

Carole : Les zines de pornographie… je trouve qu’ils ont tendance à être hyper glauques, voir carrément crades et souvent violents. En un sens, ils collent à la dimension exutoire de la microédition, mais je n’aime pas du tout ce rapport à la sexualité.

Laetitia : Pareil que Carole… et plus généralement je ne suis pas du tout réceptive aux microéditions dont les dessins sont trash.

Chantal : Tout ce qui a trait à la violence en général.

Florine : Rien ne me rebute vraiment, mais par contre certains sujets ne m’intéressent pas. Quand Carole parlait de mangas tout à l’heure par exemple, ça ne me donne pas envie du tout. Peut-être par manque de connaissances aussi, je sais pas trop.

Avez-vous une micro-bibliothèque ?

Chantal : Je n’ai que deux micro-publications pour l’instant… mais elles sont rangées dans ma bibliothèque, ça compte ?

Laetitia : Oui. Elle est dans mes toilettes et j’essaye de l’alimenter régulièrement.

Carole : Moi aussi. Je sélectionne assez drastiquement pour ne pas me retrouver noyée sous la masse par contre. Ma règle est de n’acheter que ce qui est qualitatif dans le fond ET dans la forme.

Florine : Oui.

Une microédition favorite dans le lot ?

Chantal : ‘Tournesolaire’ de Cassandre Lafay-Grange. J’aime la délicatesse de l’objet et la manière dont il casse les codes de la lecture, avec des textes dans tous les sens. C’est très original.

Florine : ‘Parole de Femmes 2025’ parce que je suis très fière que mes textes soient dedans en fait.

Carole : Non, impossible de choisir juste un titre.

Laetitia : Un tout petit zine de Knapfla : ‘Cri d’appel’. C’est un recueil de dessins d’oiseaux avec leurs cris. Ça contredit un peu ce que j’ai dit tout à l’heure, mais les animaux c’est un peu mon sujet de prédilection, donc j’ai eu un gros coup de coeur en le voyant… et puis elle m’a fait une super dédicace illustrée.

À quel moment êtes-vous passés de lectrices à micro-éditrice ?

Carole : Pratiquement tout de suite en fait. C’était avant la démocratisation du manga en France. On soudoyait les magasins de jeux vidéo pour faire importer des mangas, mais il n’y avait pas de traductions. Du coup, un peu tous les fans de l’époque éditaient des zines avec quelques pages de scanlation, et pour la plupart d’entre nous, des oeuvres originales. On va pas se mentir, à quelques exceptions près, on dessinait très mal et la plupart des ‘traductions’ relevaient plus d’un mélange de déductions et de suppositions que de la maitrise du japonais. Avec une copine de l’époque, on avait commencé ‘3×3 Eyes’ et évidemment, on était complètement à côté de la plaque. Mais c’était super fun… et je crois que je préfère toujours notre version.

Florine : Au moment où j’ai commencé à écrire avec les personnes qui avaient la capacité de donner une forme physique au travail d’écriture. Donc je suis plus contributrice que micro-éditrice… pour l’instant.

Laetitia : Quand j’ai eu la folie d’accepter de participer a un projet aussi obsessionnel que titanesque : STRATIGRAPHIKS … un pavé multi-techniques entièrement réalisé à la main en 16 exemplaires. Ça nous a pris trois mois plein à deux… J’ai adoré et depuis je suis mordue !

Chantal : Je n’ai pas encore franchi le pas… mais bientôt !

Quel est votre processus de création pour la microédition ?

Laetitia : J’en ai pas vraiment… c’est au feeling… mais j’aime bien glisser des messages cachés dans mes publications. Une de mes trouvailles préférées c’est d’écrire en morse avec la reliure.

Florine : J’écris et je transmet les textes.

Carole : C’est hyper variable. Des fois je pars d’un titre, d’un support dont j’aime le format ou la texture, des fois d’une image ou d’une impression test qui m’évoque quelque chose… parfois c’est un thème ou une discussion… et puis d’autres fois c’est un souvenir d’enfance, une expérience que j’ai vécue ou un projet auquel je participe… il arrive même que je parte d’un truc que je trouve par terre. En fait je crois que j’ai tendance à tout transformer en microéditions, c’est ça mon process !

Chantal : Je vous dirai ça quand je l’aurais trouvé… mais comme beaucoup de choses dans ma vie, il y a des chances que tout se joue sur des rencontres.

Quelles techniques employez-vous plus facilement pour vos microéditions ?

Florine : Le stylo BIC.

Laetitia : C’est mon terrain expérimental donc j’aime mixer pleins de choses. Après, je dessine majoritairement à la plume, et pour cette technique, la meilleure qualité de reproduction, qui garde le côté ‘accidentel’ que j’affectionne dans la microédition, reste pour moi la RISO.

Carole : Niveau pictural j’ai pas de préférence. Au contraire, j’aime tester de nouvelles techniques et surtout, j’aime les mélanger. Par contre, j’ai un faible pour la reliure japonaise. C’est beau et c’est très rapide à faire, ce qui est un avantage non négligeable en microédition.

Chantal : Je réserve ma réponse pour l’instant. J’attends que les filles me montrent toutes les techniques dont elles m’ont parlées, car tout à l’air très intéressant. J’ai hâte !

Qu’est-ce qui a inspiré votre dernière micro-publication ?

Laetitia : La dernière est née d’un atelier d’écriture entre femmes auquel j’ai participé l’année dernière. La microédition n’était pas prévue au départ mais c’était une évidence à la fin. 

Florine : Elle s’est faite dans le cadre d’un projet encadré. Je n’ai pas eu à chercher d’inspiration, J’ai juste répondu aux consignes… des fois c’est plus reposant d’avoir des contraintes claires.

Carole : Une discussion de boulot assez sérieuse qui au final a donné une histoire que je trouve très comique. On est d’ailleurs en train de l’éditer. Elle devrait sortir début novembre et sera disponible dans la boutique de l’INCUBàZINE.

Une idée pour votre prochain projet ?

Chantal : Je sais pas encore, mais sans doute quelque chose autour de la musique.

Florine : Oui. Je veux faire plus qu’écrire. Peut-être retenter la linogravure… ou autre chose, mais je veux vraiment mettre les mains dans la partie arts plastiques.

Laetitia : Oui. Avec Carole, on a un projet de mini-nouvelles illustrées qui s’appellera ‘PRIMATES’ et un autre de graphzine animalier et typographique qu’on a baptisé : ‘HOP CLOP’.

Carole : Il y a les projets avec Laetitia, dont un recueil de ses poèmes qui n’a pas encore de titre… et après ça, j’ai une bonne douzaine d’autres idées en attente.

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