PETITE INTRODUCTION À LA MICROÉDITION
Pour commencer ce blog, il nous semble judicieux d’apporter quelques précisions sur la nature et l’histoire de la microédition.
La microédition est, comme son nom l’indique, une pratique éditoriale à très petite échelle. Les tirages atteignent rarement les 100 exemplaires et peuvent même dans certains cas se limiter à moins de 10 reproductions. Ces tirages ont la particularité d’être réalisé de manière totalement artisanale, sur de très petits budgets, par les auteur.es qui en font généralement eux-même la diffusion, bien que certaines librairies indépendantes acceptent parfois de prendre des exemplaires en dépôt-vente.
L’avantage de la microédition, c’est qu’il n’y a aucune limites de formats ou de contenus, ce qui en fait l’un des seuls – si ce n’est le seul – moyen d’expression totalement libre.
L’histoire de la microédition débute, entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle, car c’est à cette période qu’on voit une alphabétisation progressive de la population rurale. La première forme de la microédition est la littérature de colportage. À cette époque, elle se constituait presque exclusivement de tracts satiriques, de traités politiques contestataires ou de textes religieux controversés. Cependant, les colporteurs qui étaient en charge de la diffusion des informations dans les campagnes, véhiculaient également des petites éditions de fictions divertissantes très peu coûteuses.
La notion de microédition se retrouve ensuite à travers l’histoire de l’art, notamment dans le mouvement Dada, chez les Futuristes et bien sûr au Bauhaus, sous l’appellation livre d’artiste. Mais sa forme moderne se développe à partir des années 30, au sein des différentes sub-cultures de l’époque, notamment chez les adeptes de science-fiction qui produisent les premiers fanzines.
L’appellation ‘FANZINE’, vient de la contraction des mots ‘FANatique’ et ‘magaZINE’. Elle désigne une publication indépendante, conçue et fabriquée, avec les moyens du bord, par des amateur.es passionné.es. Un fanzine peut traiter de n’importe quel sujet et peut aussi bien faire l’objet d’un tirage unique, que d’une publication périodique.
Le fanzine connaitra un boom phénoménal dans les années 60 et 70, notamment au travers des cultures hippie, féministe et punk, car c’est un outil militant très efficace. Les institutions ne perçoivent pas toujours l’existence de ces publications en marges, et lorsqu’elles en ont connaissance, elles tendent à en mépriser la forme et à ne pas les prendre au sérieux. C’est pourquoi les fanzines ont joué, partout dans le monde, un rôle très important dans les avancées sociales de cette époque.
Avec le développement technologique et l’avènement de la communication visuelle dans les années 80, on voit progressivement surgir des graphzines, c’est-à-dire, des fanzines sans textes, constitués de photos, de dessins ou de collages.
C’est à partir de la fin des années 90, avec la démocratisation d’internet que la pratique de la microédition va finir de glisser doucement vers une pratique plus artistique et culturelle. Cela s’explique facilement par le fait que les pensées contestataires sont plus faciles à véhiculer sur le net, même s’il faut régulièrement adapter la forme du discours aux cadres des canaux de diffusions. En revanche, la liberté de forme absolue de la microédition, reste l’un des meilleurs champs d’expérimentations graphiques et plastiques qui soient pour les artistes et créatifs de tous bords.
Depuis une quinzaine d’années, la microédition a aussi commencé à être reconnue comme un outil pédagogique intéressant et comme une pratique d’art-thérapie plutôt efficace.

Aujourd’hui, les plus grands fonds de microéditions en France sont :
- La Fanzinothèque de Poitiers > http://www.fanzino.org/
- Le Fanzinarium de Paris 20e > https://www.fanzinarium.fr/
